Pauline Jégouic s'est interrogée sur l'humour en fin de vie
« Le rire n'augmente pas forcément la durée de vie, mais il augmente indiscutablement sa qualité ».
Pauline Jégouic a obtenu son diplôme d'infirmière le 11 juillet, veille de ses 22 ans. Pour son mémoire de fin d'étude, elle a choisi un « drôle » de thème. Derrière l'intitulé du document de 30 pages, L'humour, un sourire à la vie, se cache un sous-titre qui pourrait être : Quelle place peut avoir l'humour dans l'univers des soins palliatifs ?
Alors que beaucoup de mémoires présentés déclinaient des travaux qu'on pourrait qualifier de plus classiques comme La communication avec les patients en isolement, L'organisation du travail, L'intérêt des médicaments placebo ou La violence aux urgences, celui de Pauline interpelle. Beaucoup de professionnels rencontrés ont eu la même réaction à la découverte de son sujet d'étude : intéressant mais un peu « glissant ». Au point qu'il ne lui a pas été facile de trouver une infirmière prête à livrer son ressenti.
L'humour plutôt que la souffrance
Mais la jeune femme est allée au bout d'un défi qui n'était pas celui-là au départ. Sa première piste ? La souffrance des soignants peut-elle impacter la communication ? Très vite, dans ses recherches, elle est tombée sur un article (Le rire gai-rit) dans une revue médicale. Un article qui servira de déclic tout comme la remise en mémoire de l'humour (noir et marquant) d'un patient pendant un stage auprès d'une infirmière libérale. Ajoutez à cela son propre tempérament pour le moins joyeux et le fait que le rire dans les soins ne soit souvent abordé qu'au niveau des enfants et vous commencerez à comprendre pourquoi elle a finalement opté pour l'humour.
Dans ses conclusions, deux citations éclairent sa position : « Aucun médicament ne peut soigner la solitude, l'ennui et la peur » et « Le rire n'augmente pas forcément la durée de vie, mais il augmente indiscutablement sa qualité ».
Aujourd'hui, Pauline est dans le service néphrologie à l'hôpital de Saint-Brieuc. Elle y fait un remplacement d'été. L'infirmière qui a témoigné dans son mémoire, expliquait : « Ça commence par le sourire, le rire faut voir après ! »
Plus loin, elle complétait : « Plus on a de l'expérience, plus on est à l'aise avec l'humour. » La jeune infirmière construit son expérience, mais une chose est sûre, du côté du sourire, elle est déjà largement au point.
Source: OUEST FRANCE 28 août 2013 :
" La mort est certainement un manque de savoir-vivre
mais ne doit pas pour autant être
un manque de savoir-rire!"
Pierre Dac et Etienne Moulron
" ....Même plus que le droit, je pense qu’on a le devoir de rire de la mort, parce que comme tous les sujets très sérieux, la meilleure façon d’en parler, c’est d’en parler avec humour. L’humour ce n’est pas manquer de respect pour un sujet, c’est essayer de le regarder de façon plus précise.
J’ai l’impression que la mort, ou le suicide assisté, sont des sujets parfaits pour la comédie, ou pour une forme de comédie. Cela permet de regarder les choses avec plus de distance et du coup, de ne pas être uniquement dans l’émotion..."
Lionel Baier,
réalisateur du film " La Vanité"
Quand la mort inspire les humoristes et les grands écrivains.
Depuis la nuit des temps, la mort a beaucoup inspiré les hommes d'esprit : normal, ils sont, eux aussi, directement concernés par le sujet...
Qu’est-ce que la mort ? « Un mauvais moment à trépasser », dixit Claude Aveline.
Le problème ? Ce moment est inéluctable : « Dans ce monde » écrit Benjamin Franklin, « il n’y a rien de certain, sauf la mort et les impôts ! »
Alphonse Rabbe indique que « la mort est un bon pasteur : elle ne perd jamais rien de son troupeau ! »
Et Paul Claudel d’affirmer : « C’est le seul examen auquel on ne soit pas recalé »
Cette inéluctabilité a un corollaire que le journaliste Henri Rochefort résume avec humour : « Si haut qu’on monte, on finit toujours par des cendres. »
Eh oui, la mort concerne tout un chacun ! En bon entomologiste qui se respecte, Jean-Henri Fabre signale avec justesse que « la seule égalité dans le monde, c’est l’égalité devant l’asticot » !
Un proverbe espagnol signale que « le cadavre du pape ne prend pas plus de place que celui du sacristain » et le délicieux poète Horace de préciser quant à lui que « la mort frappe d’un pied indifférent à la chaumière des pauvres et au palais des rois ».
A ce sujet, Montesquieu pense que « lorsque la mort a égalisé les fortunes, une pompe funèbre ne devrait pas les différencier. »
Toutefois cette dernière le fait quand même car, comme disait Pierre Desproges : « Tout dans la vie est une affaire de choix : ça commence par la tétine ou le téton et ça se termine par le chêne ou le sapin ! »
Bien que beaucoup donnent raison à Cocteau - « s’effrayer de mourir est aussi étrange que si l’on s’effrayait d’être limité dans l’espace » -, rares sont ceux qui attendent le grand départ sans angoisse…
« Ce n’est pas que j’ai vraiment peur de mourir », écrit Woody Allen, « mais je préfère ne pas être là quand ça arrivera... »
Même son de cloche chez le regretté Francis Blanche : « Je préfère le vin d’ici à l’au-delà ! »
La mort plaisait aussi au regretté dessinateur Wolinski qui assurémemnt n'en aura pas rapportées : C’est « le seul voyage qui m’intéresse, parce qu’on ne rapporte pas de diapos ! »
Pierre Doris, lui, pense que « les morts ont de la chance : ils ne voient leur famille qu’une fois par an, à la Toussaint » ! Des propos confirmés – de son vivant ! - par Jean Dolent : « Quand on est mort, c’est tous les jours dimanche ! ».
En attendant, sourions avec Jules Renard : « La mort, ce serait le rêve si, de temps en temps, on pouvait ouvrir un œil. » qui nous rappelle fort à propos que « Nous ne sommes pas ici bas pour rire. Nous ne pourrons plus au purgatoire ou en enfer. Et, au paradis, ce ne serait pas convenable ! »
Et pour finir, n'oublions point avec Jean d'Ormesson que « La vie est belle parce que nous mourrons ! »